jeudi 25 novembre 2010

KOUMORIGAMI, l'esprit vengeur

L'Esprit de Batman

En fin de compte, réinventer Batman signifiait pour moi le distiller jusqu'à ses éléments de base, ce qui équivaut à dire effacer Bruce Wayne, l'identité secrète. Et sans Bruce Wayne, Batman est en somme un spectre qui punit les malfrats pour venger la mort des parents du jeune garçon qu'il était.

Alors bon, je me suis rabattu sur la culture japonaise, à défaut d'une solution plus originale comme celle de Marlène, mais attention : ce Batman n'est pas un ninja!


KOUMORIGAMI

De nombreuses familles descendant de la peuplade emishi du Nord du Japon (les lecteurs avertis se souviendront de la tribu d'Ashitaka dans Princesse Mononoké) s'intègrèrent avec les siècles à population nippone et en adoptèrent les us et coutumes.

Cependant, rien ne pouvait laver le sang versé au cours des innombrables conflits entre les deux peuples, et divers groupes d'élus parmi les emishi continuèrent à livrer une guerre secrète contre leurs envahisseurs en faisant appel aux esprits de leurs rites chamaniques ancestraux.

Ainsi, un de leurs jeunes guerriers, devenu à son tour samurai, se porta volontaire pour venger son peuple. Il offrit son corps au kami de la chauve-souris, esprit de la nuit et de la terreur, en transperçant son coeur avec les armes de l'ennemi. Son sang et son âme appelèrent le kami, assoiffé de vengeance, qui le transforma en guerrier-fantôme.

Depuis, il erre dans la nuit dans tous les lieux où a été versé le sang des emishi, et y trucide sans merci les ennemis de son peuple. Les dépouilles de ses victimes, cruellement démembrées et arborant sans exception un rictus terrifiant, inspirent l'effroi le plus profond chez la population du Japon.

***

En gros, Koumorigami est inspiré des yuurei japonais, esprits restés dans le monde matériel pour accomplir un destin inachevé; le choix du suicide rituel du jeune guerrier m'a paru naturel, analogie de l'abandon par Bruce Wayne de son identité humaine.

J'imagine les membres de la résistance emishi se promenant dans les rues, la nuit venue, et répandant de leur sang dans des lieux habités par la noblesse japonaise. Ainsi, l'esprit vengeur, appelé par leur sang, devient un outil de rébellion d'un peuple opprimé puis assimilé.

L'éternel Joker s'adapte aussi très bien à ce contexte : les seigneurs de guerre japonais, impuissants devant leur nouvel ennemi immortel, font appel à un sinistre shugenja (sorte de moine errant auquel on attribuait des dons mystiques) au sourire inquiétant et à la réputation plus que douteuse, mais dont les talents de nécromancien sont indéniables.

La lutte entre les deux rivaux devient donc décidément plus axée sur le surnaturel que ne l'est la bédé originale, mais bof, c'est moi qui l'invente, alors na.

-V.

4 commentaires:

  1. C'est vachement impressionnant.

    J'adore, même si j'aurais aimé voir en plus une illustration où on voit Koumorigami bouger un peu.

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  2. j'adore l'idée des fantômes, des esprits. le surnaturel est une belle touche à la mytho Batman, selon moi, en tout cas dans ce contexte. j'aime beaucoup.

    les effets de feu sont aussi très beaux.

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  3. Franchement belle présentation. Et le masque est vraiment réussi. C'est angoissant comme celui (ceux) de Marlène.

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  4. Merci, merci.

    Nico, moi aussi j'aurais bien voulu, mais j'ai manqué de temps, à défaut d'avoir su bien organiser mon temps ces derniers jours.

    Mais bon, c'est un peu le but du Collaboratoire de nous pousser à nous améliorer, non? :-p

    Je saurai pour la prochaine fois.

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